Le TDA/H: Trouble Dysfonctionnel de l’Attention avec ou sans Hyperactivité

De quoi parle-t-on ?

Le trouble dysfonctionnel de l’attention avec ou sans hyperactivité ou TDA/H est la façon actuelle de concevoir un ensemble de particularités cognitives et comportementales, présentes depuis l’enfance, et qui ont un impact sur le fonctionnement social, scolaire, familial et/ou professionnel de la personne. Ces particularités sont:

  • des symptômes d’inattention persistants :  une tendance excessive à la distraction qui aboutit à des erreurs et des oublis fréquents, à des difficultés à s’organiser, à suivre des instructions jusqu’au bout, à terminer ce qui est commencé… L’inattention entraîne aussi de grandes difficultés à rester concentré sur des tâches peu stimulantes ou bien difficiles, ou encore à suivre une conversation. Le « vagabondage mental » involontaire est très marqué. Cela n’empêche pas que la personne peut rester hyperconcentrée sur des tâches qu’elle apprécie et qui la stimule particulièrement.
  • accompagnés ou non d’hyperactivité et d’impulsivité : cette hyperactivité est le plus souvent désorganisée et non constructive: difficultés à rester assis tranquillement, à se détendre, pensées qui vont dans tous les sens,  bougeotte ou agitation intérieure très présente. L’impulsivité se marque, quant à elle, par des difficultés à inhiber les actions verbales, motrices, cognitives ou émotionnelles: tendance à parler trop, sans réfléchir, à couper la parole, à être impatient, à se précipiter dans l’action, à manquer de tact…

Il est tout à fait possible de présenter un trouble déficitaire de l’attention (TDA) sans présenter des symptômes d’hyperactivité et d’impulsivité. Le TDA se marque alors principalement par de la lenteur, une forte tendance à la rêverie et au vagabondage mental.

Je suis souvent distrait… Ai-je un TDAH?

Toute personne qui est un peu tête en l’air, rêveuse ou encore très active n’a pas un TDAH pour autant. La question de la sévérité des symptômes et de l’impact fonctionnel de ceux-ci sur le quotidien de la personne est primordiale. Autrement dit, les symptômes doivent être associés à un retentissement clinique ou psycho-social, et être présents dans au moins deux domaines de la vie courante. 

De plus, les symptômes d’inattention ou d’agitation ne sont absolument pas spécifiques au TDA/H. D’autres facteurs, comme l’anxiété, le burnout, une surcharge mentale, une dépression ou un déficit de sommeil, par exemple, peuvent entraîner des symptômes similaires à ceux du TDA/H. Il n’est pas toujours évident de faire la part des choses entre ces différents facteurs.

L’évaluation diagnostique se fait par un entretien avec le patient ou ses parents durant lequel les symptômes et les difficultés sont discutés. Pour que le diagnostic de TDAH soit posé, il faut que des symptômes soient :

  • très fréquents;
  • présents depuis l’enfance (bien qu’ils puissent être parfois compensés par certains facteurs) ;
  • qu’ils aient un impact marqué sur le quotidien de la personne
  • pas mieux expliqués par un autre trouble ou une autre cause (épilepsie, troubles des apprentissages, hypo/hyperthyroïdie, dépression, forte anxiété, addiction au cannabis…)

Notons que des troubles psychoaffectifs peuvent aussi créer chez l’enfant des symptômes semblables à ceux définissant le TDA/H, mais dans ce cas, on parlera d’hyperactivité ou d’inattention réactionnelle et non de TDA/H.

Il en va de même chez un ado ou un adulte qui, par exemple, ne dormirait pas suffisamment ou travaillerait trop: en cas de fatigue ou de surmenage, il est normal de présenter des difficultés d’attention.

Certains enfants ayant de grandes facilités intellectuelles peuvent aussi montrer des symptômes d’inattention en classe et de l’agitation, sans présenter de véritables troubles: leur comportement est alors surtout dû à de l’ennui et à un manque de stimulation intellectuelle adaptée à leur niveau. Cependant, il est aussi possible de présenter à la fois de hautes aptitudes intellectuelles et un TDAH. 

Les évaluations psychologiques peuvent aider à exclure d’autres diagnostics possibles (ex : trouble d’apprentissage, faiblesses intellectuelles, HP, troubles anxieux primaires…) ou encore explorer la contribution de facteurs sociaux ou psychologiques.

Cependant, une comorbidité avec d’autres symptômes, syndromes ou troubles psychiatriques est habituellement retrouvée chez l’enfant et l’adulte TDAH dans environ 75% des cas. Par conséquent, il convient de réaliser par ailleurs une évaluation psychiatrique générale des symptômes, syndromes et troubles habituellement comorbides. Les problèmes de santé mentale les plus fréquents associes au TDAH comprennent les troubles anxieux, dépressifs, bipolaires, l’abus de substances et les addictions, les troubles du sommeil et les troubles de la personnalité; tous doivent être recherchés.

En conclusion, comme le TDAH n’a aucun symptôme spécifiques, les chevauchements avec d’autres troubles peuvent être nombreux. Le diagnostic de TDAH est donc loin d’être évident, surtout plusieurs troubles ou facteurs potentiels sont présents.

Qui pose le diagnostic de TDA/H ?

Le TDAH figure dans le DSM (le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) qui fournit des critères comportementaux qui doivent être remplis pour pouvoir poser le diagnostic. Il n’y a pas de tests biologiques ni psychométriques pour identifier le TDA/H.

En principe, le diagnostic est posé, pour un enfant ou un ado, par un.e neuropédiatre ou pédopsychiatre spécialisé.e dans le TDA/H. Chez les adultes, c’est un.e neurologue ou psychiatre spécialisé.e qu’il faudra consulter (et attention, les listes d’attente sont parfois très longues chez ces spécialistes). Ces médecins s’appuieront sur les antécédents complets de la personne et sur la collecte d’informations transmises par des personnes côtoyant l’enfant (parents, enseignants, bilans effectués chez le/la psy). Il faut toujours une  évaluation médicale complète dans le cas d’un TDAH.

Un.e neuropsychologue (qui est un psychologue) ne pose pas de diagnostic médical comme celui du TDA/H mais peut  mener un entretien clinique  approfondi avec les parents et l’enfant ou avec l’adulte, en vue de récolter un maximum d’éléments, donner son avis sur l’origine des symptômes, émettre des hypothèses diagnostiques qui seront confirmées ou non par un médecin.

Le/la neuropsychologue peut aussi réaliser un bilan intellectuel et neuropsychologique pour évaluer plus précisément les différentes fonctions cognitives (notamment attentionnelles et exécutives) et apporter des informations permettant de mieux comprendre le fonctionnement de l’enfant ou de l’adulte, ses forces et faiblesses.

Attention ! De bonnes performances dans les épreuves ne permettent pas d’écarter un TDAH. En effet, certains enfants ou adultes ayant les symptômes d’un TDAH dans leur vie quotidienne réussissent les tests car ils sont, par exemple, motivés ou intéressés par les tâches ou encore parce qu’ils se trouvent face à une tâche cadrée, dans un environnement sans distractions. A l’inverse, des personnes sans TDAH peuvent avoir des performances déficitaires à ces tests pour de multiples raisons.

Les bilans neuropsychologiques ne sont donc pas obligatoires pour poser un diagnostic de TDAH. Cependant, avec l’observation qualitative durant leur passation, ils restent très intéressants pour la compréhension du fonctionnement de la personne et apportent des informations qui pourront être utilisées dans l’accompagnement.

Le rôle de l’environnement

« Dans un environnement adapté, on ne souffre pas du TDAH ».
Dr. Louis VERA

Actuellement, de plus en plus de personnes se plaignent de leurs capacités d’attention et beaucoup se reconnaissent dans les symptômes du TDAH. Certains parlent d’ailleurs de mode. Mais les symptômes du TDAH n’ont rien de nouveau.

Cependant,  la gestion de son attention est devenue cruciale pour bien fonctionner dans le monde d’aujourd’hui. En effet, nous sommes plus que jamais constamment bombardés d’informations, de choix, de distractions, de tentations… Parrallèlement, l’école et le monde du travail favorisent et valorisent les personnes capables de rester focalisées sur leur tâche, les personnes consciencieuses, stables, plutôt que les personnes rêveuses, impulsives, dispersées ou désorganisées.  On peut donc dire que la société actuelle est loin de constituer un environnement favorable aux personnes qui ont ce profil, ce qui peut selon moi expliquer le fait que la question du TDAH  se pose de plus en plus fréquemment.

Si l’on conçoit le TDAH comme une particularité du fonctionnement cognitif qui, en interaction avec l’environnement, aboutit à des comportements dysfonctionnels, on peut dire que l’environnement actuel conduit à une augmentation du nombre de personnes souffrant du TDAH. En effet, la souffrance engendrée par les symptômes du TDAH dépend fortement de l’environnement dans lequel la personne évolue et le monde actuel constitue un véritable challenge pour un cerveau TDAH.

On peut imaginer que, pendant des centaines de milliers d’années, posséder les particularités du TDAH n’étaient pas aussi problématique et pouvait même constituer un avantage sélectif. En tout cas, nos ancêtres ne devaient pas rester tranquillement assis à écouter quelqu’un parler pendant des heures, rédiger des documents, gérer de la paperasse administrative, recevoir et filtrer des milliers d’informations par jour, résister à consulter son Smartphone et ses possibilités infinies de distractions… Or, filtrer et ignorer les distractions pour se concentrer sur une tâche plus utile (mais qui l’intéresse peu) est particulièrement problématique pour une personne TDAH.

Au niveau plus familial, le rôle de l’environnement est aussi déterminant: un environnement compréhensif, cadrant, encourageant et bienveillant peut permettre à la personne TDAH d’accepter ses faiblesses, d’en compenser certaines, d’apprendre des stratégies et d’avancer…  Alors qu’un environnement dévalorisant, rigide, maltraitant ou trop exigeant peut avoir pour conséquence une mauvaise estime de soi, un sentiment d’incompétence, un mal-être général qui vont amplifier les symptômes…

Inversement, je suis persuadée que l’environnement actuel et certaines mauvaises habitudes (ex: Mode du multi-tâche, du travail en open spaces, des interruptions et distractions continues, manque de sommeil et sédentarité…) sont aussi propices à l’augmentation des difficultés attentionnelles et exécutives, sans qu’on ait pour autant un TDAH.

En conclusion, diagnostiquer un TDAH chez une personne, enfant et adulte, n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Certains profils TDAH sont plus évidents à identifier que d’autres, plus complexes.

Catherine Demoulin

Pour aller plus loin:

Accident vasculaire cérébral (AVC)

Qu’est-ce qu’un accident vasculaire cérébral (AVC) ?

Pour fonctionner, les cellules de notre cerveau ont besoin d’un apport constant en sang, qui leur fournit les nutriments et l’oxygène. Si les cellules cérébrales sont privées trop longtemps d’oxygène, elles s’affaiblissent, dysfonctionnent puis finissent par mourir.

Lorsque l’apport en sang dans une partie du cerveau est interrompu à cause d’un caillot (80% des cas), on parle d’AVC ischémique (ou d’infarctus cérébral). Lorsque cet apport sanguin est interrompu à cause d’un vaisseau sanguin qui a éclaté (provoquant ainsi une hémorragie cérébrale) on parle d’AVC hémorragique.

Il est aussi possible qu’il se produise une interruption temporaire de l’apport sanguin (de quelques secondes à quelques minutes). On parle alors d’AVC ischémique transitoire (mini-AVC).

avc ischémique hémorragique

Quels sont les premiers symptômes?

Les premiers symptômes d’un AVC dépendent de la région affectée par l’AVC et peuvent se manifester, par exemple, par:

  • une paralysie de la motié du visage
  • une perte de sensation dans un membre ou d’un côté du corps
  • des troubles soudains de l’élocution
  • des troubles soudains de la vision
  • un vertige/une perte d’équilibre, des maux de têtes intenses et inhabituels
  • etc…

Dès la présence de tels symptômes, il est primordial d’agir vite et d’appeler les urgences (112). En effet, plus les soins sont apportés rapidement, plus le risque de garder des séquelles diminue. Aussi, dans le cas d’un AVC ischémique, si on arrive à l’hôpital dans les 3 heures qui suivent les premiers signes, le médecin peut administrer un médicament thrombolytique pour dissoudre les caillots sanguins.

Quelles sont les conséquences d’un AVC ?

L’AVC est une des premières causes de handicap physique chez l’adulte. Il entraîne aussi la mort dans environ 1/3 des cas.

Un AVC entraîne généralement des séquelles qui dépendent de la gravité du dommage, de l’état de santé de la personne avant l’AVC et de la zone du cerveau touchée. Ainsi, si l’AVC se produit dans le lobe temporal de l’hémisphère gauche du cerveau, les séquelles toucheront généralement le langage et la mémoire verbale. Si les lobes occipitaux, situés à l’arrière du cerveau, sont touchés, on s’attend à des troubles visuels comme une perte de la vision ou des problèmes de reconnaissance d’objets, de visages ou de lettres.

Avec le temps et une prise en charge adaptée, certaines personnes récupèrent complètement, d’autres gardent des séquelles à vie.

Enfin, le fait d’avoir subi un AVC, surtout s’il s’agit d’un AVC ischémique, prédispose à la survenue d’autres accidents vasculaires. D’où l’importance de limiter les facteurs de risques.

Quelles sont les facteurs de risques d’un AVC ?

Les principaux facteurs de risque de faire un AVC sont communs à toutes les maladies vasculaires.

  • L’hypertension artérielle : c’est le premier des facteurs de risque, quel que soit le type d’AVC (ischémique ou hémorragique). Il est donc important de faire surveiller sa tension artérielle par son médecin et de suivre un traitement en cas d’hypertension. D’autant plus que la motié des personnes hypetendues ignorent qu’elles souffrent d’hypertention, parce qu’elle ne s’accompagne pas de symptômes manifestes ! En fait, l’hypertension artérielle produit, à la longue, une usure et un vieillissement prématurés des vaisseaux sanguins.
  • Le tabagisme : chez un fumeur, le risque d’AVC ischémique est multiplié par 1,5 à 2,5. Fumer entraîne une perte d’élasticité des artères (arthérosclérose). En outre, la nicotine agit comme un stimulant cardiaque et augmente la pression sanguine. Enfin, le monoxyde de carbone présent dans la fumée, réduit la quantité d’oxygène qui parvient au cerveau, parce qu’il se fixe aux globules rouges à la place de l’oxygène.
  • Une consommation élevée d’alcool triple le risque de présenter un AVC, ischémique ou hémorragique.
  • La sédentarité : peu ou pas d’activité physique favorise la survenue d’un AVC
  • La surcharge pondérale
  • Un taux élevé de cholestérol
  • Le diabète
  • Le stress chronique
  • La prise de contraceptifs oraux

Eviter l’hypertention et avoir une bonne hygiène de vie peuvent donc réduire fortement le risque de subir un AVC, même si des facteurs héréditaires/génétiques peuvent aussi jouer un rôle important.

Après l’AVC…

Après un AVC, il est crucial d’accompagner la personne et ses proches.

En fonction du type de séquelles (motrices, cognitives, psychologiques) et des objectifs du patient, des professionnels sont disponibles pour accompagner le patient: kinésithérapeute pour les troubles moteurs, logopède pour les troubles du langage, ergothérapeute pour développer des adaptations au domicile du patient…

Le neuropsychologue peut également jouer un rôle important dans cette prise en charge. Ainsi, après un bilan neuropsychologique qui permettra d’identifier clairement les fonctions déficitaires (mais aussi celles qui sont préservées), un travail de remédiation cognitive ciblé peut être proposé, afin de restaurer ou de compenser les fonctions cognitives déficitaires (en aidant le patient à mettre en place des stratégies compensatoires). Les programmes de remédiation cognitive reposent généralement sur la réalisation d’exercices stimulants adaptés au patient. Un suivi permet alors d’objectiver les progrès et la récupération.

Enfin, un soutien psychologique pour le patient, mais aussi pour ses proches, peut parfois être nécessaire pour surmonter l’épreuve et, si les séquelles persistent, composer avec le handicap.

Catherine Demoulin